Un modèle de nerf biohybride implantable pour la stimulation synaptique du cerveau profond
Invité par Florian Fallegger, Tobias Ruff, PhD (ETH, Université de Zurich, Suisse), interviendra le jeudi 3 octobre à 12h. RDV dans la salle Jacques Lusseyran.
Abstract
Les électrodes de stimulation cérébrale profonde disponibles souffrent d'une faible résolution de stimulation, d'une faible biocompatibilité et d'une couverture limitée du tissu ciblé. Pour surmonter ces limitations, nous proposons une interface neuronale biohybride vivante dans le but de restaurer la vision fonctionnelle chez les aveugles dépourvus d'un nerf optique sain. Notre interface utilise des neurones rétiniens vivants cultivés sur puce comme relais pour convertir les signaux électriques d'un réseau de microélectrodes extensible en une stimulation synaptique d'un tissu neural cible.
Notre interface est basée sur un réseau de microélectrodes[1,2] extensible sur lequel nous alignons des structures microfluidiques de guidage d'axones qui permettent le guidage unidirectionnel et la fusion d'axones pour former un nerf optique artificiel. Nous augmentons la biocompatibilité de notre dispositif en remplaçant le canal de formation du nerf basé sur le polydiméthylsiloxane (PDMS) par un tube de collagène ou de gélatine méthacryloyl (GelMA)[3] de seulement 300 µm de diamètre et directement intégré au dispositif PDMS.
Nous démontrons l'ensemencement de sphéroïdes rétiniens dans nos dispositifs biohybrides à l'aide d'un microscope à force fluide modifié. Les cellules ganglionnaires de la rétine forment un nerf optique artificiel de 3 mm de long qui peut passer du dispositif au tube d'hydrogel lié au PDMS pour réinnervant une structure cible à base de matrigel in vitro. Nous montrons que nous pouvons stimuler des sphéroïdes rétiniens individuels à l'aide de notre réseau de microélectrodes extensible. Nous présentons également des données in vitro sur la façon dont les pointes se propagent à l'intérieur de l'implant biohybride à l'aide de réseaux de multiélectrodes CMOS. Enfin, nous présentons les premiers progrès réalisés en vue d'une implantation in vivo.
Références
[1] Raphael F. Tiefenauer, Klas Tybrandt, Morteza Aramesh and János Vörös. Fast and Versatile Multiscale Patterning by Combining Template-Stripping with Nanotransfer Printing. ACS Nano 12.3.2514-2520 (2018)
[2] Nicolas Vachicouras, Christina M. Tringides, Philippe B. Campiche, Stéphanie P. Lacour. Engineering reversible elasticity in ductile and brittle thin films supported by a plastic foil. Extreme Mechanics Letters 15 63-59 (2017)
[3] Hao Liu, Parth Chansoria, Paul Delrot, Emmanouil Angelidakis, Riccardo Rizzo, Dominic Rütsche, Lee Ann Applegate, Damien Loterie, and Marcy Zenobi-Wong. Filamented Light (Flight) Biofabrication of Highly Aligned Tissue-Engineered Constructs. Adv. Healthc. Mater. 2204301, 34.45 (2022)
À propos de Tobias Ruff
Tobias Ruff a étudié la chimie, la biochimie et la neurobiologie à l'université Ludwig Maximilian de Munich, en Allemagne. En 2014, il a commencé sa thèse de doctorat avec le professeur Rüdiger Klein et Daniel del Torro à l'Institut Max Planck de neurobiologie, où ils ont fourni la première preuve biologique que la formation de plis corticaux chez la souris peut être induite par la modulation de l'équilibre entre l'adhésion et la répulsion des neurones migrateurs en manipulant les niveaux de FLRT1/3. Parallèlement, ils ont caractérisé un nouveau sous-type de cellules ganglionnaires de la rétine chez la souris. En 2020, le Dr Ruff a rejoint le laboratoire de Janos Vörös en tant que postdoc financé par le HFSP pour continuer à travailler sur les interfaces neuronales biohybrides.